Facilitation
Définition : Facilitation ou interaction facilitatrice
Situation où la présence d'une espèce bénéficie, via la création de conditions favorables, à l'installation, la vie ou la survie d'autres espèces. Celles-ci, plus exigeantes, n'auraient pas pu s'installer directement ou de développer correctement, sans ces modifications ( Stachowics, J.J. 2001[1]).
On parle de facilitation (d'une espèce A envers une espèce B), lorsque au moins l'un des participants bénéficie de l'interaction, et qu'elle cause de dommages à aucune des deux espèces ( Bastien, Y. & C. Gauberville, 2011[2]).
Les relations et dynamiques de facilitations peuvent être classées en deux types :
Mutualisme : les deux espèces A et B sont bénéficiaires de l'interaction (ex : relation plante & pollinisateur)
Commensalisme : L'espèce A exploite l'espèce B sans la parasiter ; l'espèce A ne souffre pas de cette interaction (ex : relation arbres & plantes épiphytes)
En pratique, la grande complexité des interactions ne permet pas toujours de les catégoriser de façon stricte. Ainsi, dans la relation semence & plante nourricière (nurse plant), cette dernière est facilitatrice, mais peut aussi être considérée comme compétitrice d'un point de vue de la lumière.
Les mécanismes de la facilitation
Les espèces facilitatrices peuvent être caractérisées par :
Un effet refuge/abri contre le stress (environnement, prédation, concurrence)
Une disponibilité accrue des ressources
Une dissémination des gènes et des individus
Des effets atténuateurs ou stabilisateurs face aux perturbations ou stress environnementaux
L'effet refuge/abri par rapport au stress environnemental
La facilitation réduit les impacts négatifs dus à un environnement stressant.
Exemple : Ch. crispus & Fucus
En réduisant les contraintes de température et d'exposition aux UV, les fucus des zones intertidales permettent le développement accru de l'algue rouge Chondrus crispus, qui voit son taux de survie augmenter ( Bertness, M.D. et al. 1999[3]).
L'effet refuge/abri par rapport à la prédation
Exemple : O. arbuscula & M. forceps
En se nourrissant d'algues et en se réfugiant dans les branches du corail Oculina arbuscula, le crabe Mithrax forceps diminue la concurrence entre algues et coraux, donc améliore la croissance de son hôte.
L'effet refuge/abri par rapport à la compétition
La disponibilité accrue des ressources
La facilitation peut accroître l'accès à des ressources limitées tels que nutriments, eau ou lumière.
Exemple : Plantes épiphytes
Photographie : Tillandsia flabellata, épiphyte (Wikipédia) | Les épiphytes profitent d'une lumière qu'elles ne pourraient trouver au sol, et sont mieux exposées à la pluie. En outre, elles échappent aussi à la compétition avec les plantes de la strates herbacées, et à certains prédateurs/herbivores ( Callaway, R.M. 1995[4]). |
Remarque : Le cas particulier des symbioses
Quelques exemples de relations symbiotiques, avec les services fournis par chacun des acteurs.
Type de symbiose | Espèce A | Espèce B |
---|---|---|
Flore intestinale | Tube digestif (Habitat et nutriments) | Micro-organismes (Vitamines et services utiles pour la digestion des aliments) |
Lichens | Algue (Nutriments) | Champignon (Protection contre la dessication et les UV) |
Coraux | Algue photosynthétique (Nutriments) | Polype (Azote) |
Mycorhize | Racines de végétaux (Substances carbonées - sucres) | Champignon (Acquisition de nutriments) |
La dissémination des gènes ou des individus
De nombreux végétaux ont recours à la zoogamie, c'est-à-dire qu'ils font appel à des animaux pour assurer leur dissémination : entomophilie, ornithophilie, zoochorie, etc. Lors de la pollinisation, la plante fournit à son pollinisateur du nectar. En contrepartie, celui-ci lui fournit une diffusion rapide et ciblée de son pollen, car chaque insecte est souvent spécialisé pour un ou quelques espèces en particulier. | Photographie : Chaetocercus berlepschi se nourrissant sur les fleurs de Kohleria spicata (Wikipédia) |
------
Auteur : Lala HARIVELO RAVAOMANARIVO
Médiatisation : Emilie Alaux