On observe généralement une augmentation de la biodiversité et de l'activité biologique en AC en raison de ses effets sur l'habitat et les ressources nutritives.

L'AC a un impact sur plusieurs composantes de l'habitat auxquelles sont sensibles les organismes du sol : la présence d'un mulch en surface, les flux d'air et d'eau dans le sol, son humidité. La formation d'un mulch en surface des sols constitue un abri pour la faune édaphique, notamment vis-à-vis de la sécheresse, mais aussi pour la faune épigée comme les arthropodes, les vers de terre épigés ou les limaces. La non perturbation du biotope par le travail du sol favorise le développement des champignons du sol et de la faune créatrice de galeries : l'impact positif de l'AC a été par exemple démontré dans le cas des vers de terre anéciques et des rongeurs. Enfin, l'absence de destruction des nids d'oiseaux par le labour peut contribuer à la restauration des populations avifaunes.

L'AC conduit à une accumulation de matière organique en surface des sols, constituant une ressource nutritive qui va modifier l'ensemble de la chaîne alimentaire. Les premiers organismes impliqués sont les bactéries et les champignons. De nombreuses études montrent une augmentation en surface de la biomasse microbienne (entre +30 et +100%) et de son activité. En revanche, la biomasse microbienne est parfois moins importante en profondeur en AC que dans les sols labourés en raison de l'absence d'enfouissement des matières organiques. L'AC favorise également le développement des décomposeurs (mésofaune et macrofaune). Les vers de terre épigés (qui vivent dans la litières) et anéciques (qui font des aller-retour entre la surface et la profondeur) vont bénéficier de la présence de cette ressource nutritive : leurs populations et leurs activités s'accroissent en AC. En revanche, l'absence d'enfouissement de matière organique par le labour peut s'avérer défavorable aux vers de terre endogés (qui ne remontent pas en surface). L'accroissement des populations et de l'activité des vers de terre anéciques joue un rôle clé pour le maintien d'une bonne porosité structurale en non labour.

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Ainsi, les modifications d'habitat et de ressources nutritives en AC sont susceptibles de modifier l'ensemble de la dynamique des populations, le développement d'espèces d'un niveau trophique entraînant des modifications pour le niveau trophique supérieur. Par exemple, l'AC peut conduire à l'augmentation de la pression parasitaire (habitat plus favorable) mais également une augmentation des prédateurs de ces parasites ainsi que des oiseaux qui mangent ces prédateurs ou ces parasites.

L'impact de l'AC sur la biodiversité peut également s'expliquer en termes de capacité adaptative des différentes espèces : les espèces non affectées ou favorisée par le travail du sol sont des espèces épigées pionnières, qui présentent de bonnes capacités pour coloniser de nouveaux milieux ou des espèces très mobiles, capable de s'abriter en profondeur.

Auteur : Stéphane de Tourdonnet