Gestion agroécologique / écologiquement intensive des bioagresseurs en horticulture tropicale

Les fourmis oecophylles en vergers

Remarque

L'utilisation de fourmis oecophylles[1] est l'exemple le plus ancien de lutte biologique qui a été développé en Chine du Sud.

Fourmis oecophylles en vergers d'agrumes en Asie du Sud-Est

ComplémentPour aller plus loin

Fourmis oecophylles en vergers de manguiers en Afrique de l'Ouest

Il s'agit

  • de fournir les plantes propices à la construction de nids par les fourmis oecophylles car hébergeant des cochenilles élevées par les fourmis et causant peu de dégâts au manguier, et notamment non-vectrices de maladies virales dommageables (1), ou association avec des fruitiers dont les feuilles sont favorables à la construction de nids  ;

  • de supprimer les plantes servant d'hôtes alternatifs aux mouches dans les vergers ou leur environnement (2) ; Maintien d'une couverture du sol dans les vergers pour empêcher les espèces de fourmis antagonistes de déplacer les fourmis oecophylles de la canopée des arbres fruitiers et d'apporter avec elles des cochenilles dommageables et notamment vectrices de maladies virales ;

  • de fournir des lianes pour faciliter les “patrouillies des fourmis oecophylles" sur les fruitiers et leur effet positif direct ou indirect

Exemple

Au Bénin, on a déterminé 34 espèces ligneuses dans 21 familles botaniques différentes qui hébergent des nids d'O. longinoda (dont Cassia siamea), sur lesquels on a récolté 15 espèces d'Hémiptères différentes qui sont protégées, véhiculées et dont les sécrétions glucidiques sont exploitées par les oecophylles.

Udinia catori est l'espèce de cochenille omniprésente sur tous les cultivars greffés de manguiers. O. longinoda semble avoir pour prédilection l'élevage et la protection de cette espèce particulière, les nids étant souvent construits en intégrant les « flush » et tiges sur lesquels sont fixées les cochenilles.

Cette espèce de Coccidae n'est pas une espèce nuisible au manguier car elle ne colonise généralement que les rameaux du manguier et les pétioles des fruits. Si on la trouve parfois sur les fruits elle ne présente que des dommages visuels. Après brossage on s'aperçoit qu'il n'y a aucun dommage notable au niveau de la pulpe du fruit.

O. longinoda contrôle effectivement des ravageurs très importants tels que Bactrocera invadens et Ceratitis cosyra.

La prédation exercée par O. longinoda sur les mouches des fruits adultes est faible sur les adultes mais assez fréquente sur les larves surtout celles de stade 3 au moment de leur sortie des fruits infestés. Au Bénin, on n'a observé aucune activité prédatrice des fourmis aux dépens des parasitoïdes de Tephritidae en milieu naturel.

En l'absence de perturbations du couvert (e.g. fauche) ou de traitements phytosanitaires sur la canopée, les oecophylles arrivent à empêcher les espèces de fourmis terricoles dominantes (Pheidole megacephala) de monter, et d'apporter des espèces d'Homoptères vecteurs de maladies à virus (MAV).

Outre la gestion de la couverture végétale (plante de service ou enherbement), les autres leviers sur lesquels on peut jouer, en termes de diversité végétale, sont les plantes « hôtes » des fourmis oecophylles, que l'on cherchera à favoriser, et les plantes hôtes alternatifs des mouches des fruits, que l'on cherchera au contraire à éliminer, dans les vergers ou leur environnement immédiat.

Complément

  • Comment les producteurs de mangues pourraient-ils se passer des fourmis tisserandes ! (Article du Cirad)

  • Van Mele, P., Vayssières, J.F., Adandonon, A. and Sinzogan, A. 2009. Ant cues affect the oviposition behaviour of fruit flies (Diptera: Tephritidae) in Africa. Physiological Entomology, [2]34, 256-261

  • Vayssières, J.F., Sinzogan, A., Adandonon, A., Van Mele, P. and Korie, S. 2013. Ovipositional behaviour of two mango fruit fly species (Diptera Tephritidae) in relation to Oecophylla cues (Hymenoptera Formicidae) as compared to natural conditions without ant cues. International Journal of Biological and Chemical Sciences 7(2), 447-456. [3][2013_SA2]

  • Adandonon A., Vayssières J.-F., Sinzogan A., Van Mele P., 2009. Density of pheromone sources of the weaver ant Oecophylla longinoda affects oviposition behaviour and damage by mango fruit flies (Diptera, Tephritidae). International Journal of Pest Management,[4]

  1. oecophylles

    qui ont leur habitat dans les feuilles

  2. Van Mele et al. 2009

    Van Mele, Paul, Jean-François Vayssieres, Appolinaire Adandonon, et Antonio Sinzogan. « Ant Cues Affect the Oviposition Behaviour of Fruit Flies (Diptera: Tephritidae) in Africa ». Physiological Entomology 34, nᵒ 3 (1 septembre 2009): 256‑61. doi:10.1111/j.1365-3032.2009.00685.x.

  3. Vayssières, J.F et al. 2013

    Vayssières, J.F., Sinzogan, A., Adandonon, A., Van Mele, P. and Korie, S. 2013. Ovipositional behaviour of two mango fruit fly species (Diptera Tephritidae) in relation to Oecophylla cues (Hymenoptera Formicidae) as compared to natural conditions without ant cues. International Journal of Biological and Chemical Sciences 7(2), 447-456. [2013_SA2

  4. Adandonon A. et al. 2009

    Adandonon A., Vayssières J.-F., Sinzogan A., Van Mele P., 2009. Density of pheromone sources of the weaver ant Oecophylla longinoda affects oviposition behaviour and damage by mango fruit flies (Diptera, Tephritidae). International Journal of Pest Management,

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