Les échanges de matériel végétal à l'origine de l'introduction d'organismes nuisibles

Les échanges porteurs de risques

  • Quels échanges sont porteurs de risque au niveau sanitaire ?

Les semences (graines) ceci concerne beaucoup de céréales, les végétaux destinés à la plantation, les fruits et les bois de différents types (bois de construction, copeaux, grumes[1], bois d'emballage, etc...) constituent du matériel végétal échangé à travers le monde et sont potentiellement porteurs de risques phytosanitaires.

Soit le risque a été précédemment identifié et des mesures de contrôles sanitaires sont mises en place ce qui a un coût, soit le risque n'a pas encore été identifié et les marchandises circulent librement dans les pays de l'OEPP.

  • Risques associés aux graines

    Un grand de nombre de micro-organismes peuvent être localisés dans différents tissus de la graine: péricarpe, téguments, endosperme, embryon. Les micro-organismes concernés peuvent être des virus, des bactéries, des champignons ou des nématodes. Ainsi, on a établi qu'un tiers des virus peuvent être transmis par la graine dans au moins une plante hôte .

La présence de ces micro-organismes va entraîner des dégâts notamment une baisse de la faculté germinative, une fonte des semis.

Exemple : la maladie de la carie du blé (Karnal bunt) est provoquée par le champignon Tilletia indica. La maladie a d'abord émergé dans la région du Karnal en Inde, puis a atteint le Mexique et les États Unis. La dispersion de la maladie apparaît liée aux échanges de graines contaminées.

Une façon de lutter contre la propagation des maladies via la semence est d'établir un diagnostic du bioagresseur à partir de lots de semences. On pourra commercialiser des lots de semences contrôlées et certifiées. On pourra également procéder quand c'est possible à un traitement des semences pour les débarrasser du bioagresseur.

  • Risques associés aux végétaux destinés à la plantation

Il existe des risques spécifiques associés aux végétaux destinés à la plantation (en anglais « plants for planting »). Sur ce sujet consulter le rapport disponible sur le site de l'oepp à l'adresse http://www.eppo.int/QUARANTINE/EPPO_Study_on_Plants_for_planting.pdf.

Les végétaux destinés à la plantation incluent les plants à racines nues, les plants racinés[2] avec sol, les bulbes, les tubercules, les rhizomes, les boutures[3], les tissus méristématiques en culture.

Pourquoi y a-t-il un risque élevé d'introduire un bioagresseur en même temps que les végétaux destinés à la plantation?

Parce que le bioagresseur peut survivre sur le végétal pendant le transport. Dans la zone introduite, le végétal est planté (ou replanté) et le bioagresseur pourra survivre et coloniser éventuellement d'autres hôtes, en particulier si la culture a lieu à l'extérieur.

De plus concernant les échanges de matériel végétal avec du sol, celui-ci peut être porteur de nématodes, d'insectes ou de champignons nuisibles pour les plantes (paramètre pris en compte dans la directive 2000/29/CE annexe IV).

Illustration : Graphe titré de Santini et al. (2013)[4] montrant le substrat le plus probable sur lequel les champignons forestiers invasifs sont arrivés. Dans les trente dernières années, l'importance relative des plantes vivantes et du sol a augmenté.

le substrat le plus probable sur lequel les champignons forestiers invasifs sont arrivés
  • Parmi les végétaux destinés à la plantation les plantes ornementales sont souvent citées comme étant à l'origine de l'introduction de bioagresseur ; elles peuvent aussi devenir des plantes envahissantes.

En effet, les volumes échangés sont très importants (données en annexe du rapport OEPP et présentation des données pour le chrysanthème). On observe des changements rapides dans les espèces commercialisées et les zones de production et un transport rapide qui facilite le maintien en vie des bioagresseurs.

Ainsi, le rhododendron est cité comme origine pour l'introduction de Phytophthora ramorum en Europe ( Brasier, 2008[5]). Cet oomycète est l'agent pathogène responsable de la maladie de l'encre du chêne (sudden oak death) en Californie.

Des études ont estimé que 80 % des espèces exotiques envahissantes d'Europe ont été introduites pour l'ornement ou l'agriculture. Le « Code de conduite sur l'horticulture et les plantes exotiques envahissantes » édité par l'Union européenne vise à sensibiliser les professionnels du secteur horticole et de l'aménagement paysager sur les bonnes pratiques à adopter pour limiter ce risque.

  1. Grume n f (log)

    tronc d'arbre abattu dont on a coupé les branches mais qui est toujours recouvert de son écorce.

  2. Racinés

    Fractions de sarments de vigne racinées et non greffées, destinées à la plantation franc de pied (ou à l'emploi en tant que porte-greffe pour un greffage)

  3. Bouture (cuttings)

    fragment de plante utilisé en multiplication végétative.

  4. Santini et al., 2013

    Santini A, Ghelardini L, De Pace C, Desprez-Loustau M L, Capretti P, Chandelier A, Cech T, Chira D, Diamandis S, Gaitniekis T, Hantula J, Holdenrieder O, Jankovsky L, Jung T, Jurc D, Kirisits T, Kunca A, Lygis V, Malecka M, Marcais B, Schmitz S, Schumacher J, Solheim H, Solla A, Szabò I, Tsopelas P, Vannini A, Vettraino A M, Webber J, Woodward S and Stenlid, J (2013). Biogeographical patterns and determinants of invasion by forest pathogens in Europe. New Phytologist 2013, vol 197 pp 238-250.

  5. Brasier, 2008

    Brasier C M (2008). The biosecurity threat to the UK and global environment from international trade in plants. Plant Pathology 2008, vol 57: pp 792–808. doi: 10.1111/j.1365-3059.2008.01886.x. doi: 10.1111/j.1365-3059.2008.01886.x http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-3059.2008.01886.x/pdf

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