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Limaces

Le rôle pédologique des termites

Les termitières indicateurs biologiques

Les termitières fournissent des indications sur leurs milieux grâce à la flore termitophile qui pousse dessus.

On a recensé trois différents types de plantes poussant sur les termitières et donnant des indications sur la nature des sols et sur la fertilité des nids.

  • La flore Xérophile (Duvignaud, 1958)

  • La flore Eutrophe (Wild, 1952)

  • La flore Hygrophile (Arshad, 1982)

Les termites acteurs de la genèse des sols

Tous les auteurs considèrent qu'à une large échelle spatiale et temporelle les termites jouent un rôle primordial dans la genèse des sols tropicaux et subtropicaux.

Pour étudier l'impact des termites sur les propriétés pédologiques du sol, il est nécessaire de considérer trois grands ensembles ( Duboisset A., 2003[1]) : le nid, la proche périphérie (entre 1 et 100 mètres autour) et la zone de prélèvement.

Les impacts du nid

Dans les nids en activité, on observe une forte compacité de la terre, surtout au niveau du dôme épigé (au centre de la termitière), ceci réduit fortement l'infiltration de l'eau et donc la réserve utile pour les plantes. Le nid possède une teneur en éléments fins très importante, cet enrichissement est dû au travail des termites qui remontent les éléments fins du sous-sol vers les horizons supérieurs.

Les nids possèdent une teneur en matière organique généralement assez faible. Par contre, la matière organique présente dans les nids est sous une forme plus évoluée. Elle est donc plus facilement transformable et assimilable par les plantes.

Qualité pédochimique des sols : lors de l'élaboration de leur nid, les termites utilisent une quantité importante d'argiles qu'ils prélèvent dans divers horizons du sol. Ces argiles sont mélangées lors du transport par les termites et subissent des modifications de leurs caractéristiques minéralogiques.

La teneur élevée en argile permet une augmentation de la CEC (seulement si les argiles utilisées ne sont pas de la kaolinite). La présence de cations échangeables rehausse la valeur agronomique des sols et permet aux végétaux un meilleur fonctionnement des processus d'assimilation.

La teneur en carbone évolue également, à la mort de la colonie, les prélèvements de matériel végétal mort vont cesser. Ces stocks retourneront au sol ce qui augmente le stock de carbone. De plus lorsqu'elle est en activité, la colonie stocke énormément de produits lignifiés dans plusieurs chambres de la termitière. A sa disparition, ce stock sera également rendu disponible.

Résultant tout droit des apports en carbone et en calcium, on va observer une augmentation du pouvoir tampon du sol ce qui corrige l'acidité excessive de certains sols tropicaux.

Attention

Attention ! Ces modifications ne sont pas systématiques.

Remarque

Tous les nids évoluent différemment mais ces processus étant tous liés, il est très rare d'observer un seul processus à la fois. On est bien souvent en présence d'un nid fertile (la fertilité résultant de l'addition de tous les processus) et d'autres non fertiles. A. Duboisset[1] note que ces deux évolutions peuvent peut-être s'expliquer par la nature et l'abondance de la matière organique.

Les impacts sur l'espace trophique

Il s'étend de quelques mètres à une centaine de mètres et ne résulte que d'une seule activité : la récolte de nourriture.

On observe beaucoup de modifications des processus d'infiltration de l'eau dans les sols et une richesse nutritive plus importante.

Accroissement des ressources hydriques : dans les sols tropicaux, les termites créent un vaste réseau de galeries souterraines (certaines s'étendent à plus de 70 mètres du nid) dans les premiers horizons du sol (Wood, 1988).

En 1991, Lys & Leuthold ont cartographié un réseau de galeries appartenant à une colonie de Macrotermes bellicosus, la cartographie met en évidence un réseau ramifié avec une grosse galerie qui part de la termitière (à environ 30 cm de profondeur) et qui se subdivise à chaque ramification en une multitude de galeries plus petites et de plus en plus proches de la surface.

Au Kenya, on a estimé environ six kilomètres de galeries débouchant sur 72 000 trous de récolte et recouvrant une surface de 8000 mètres carrés pour un nid de Macrotermes michaelsni. Ce réseau très important favorise l'infiltration et la circulation de l'eau dans les sous-sols.

Augmentation de la richesse spécifique du sol : tout comme au niveau de la termitière, la construction des galeries de récolte permet un mélange des argiles de différents horizons et une augmentation de la teneur en argile, ceci à pour effet d'augmenter la CEC du sol. D'autre part, les quantités de carbone et d'azote disponibles augmentent aussi.

Exemple

Plusieurs essais ont montré des augmentations de rendement dans les cultures de tabac et de piments (Pendleton, 1942). Ruagsoongnern observe en 2001 une augmentation du pH et des teneurs en phosphore et en potassium (ils ont doublé voir triplé) et une très forte augmentation de la teneur en magnésium (multiplié par des valeurs allant de 5 à 100).

En Inde, Boyer ( 1973) rapporte que sur les sols acides, les fermiers cultivent leurs plantes à proximité des nids de termites car les importantes réserves de carbone et de calcium augmentent le pouvoir tampon du sol. En Tanzanie, Milne (1947) fait des observations similaires sur les cultures de Sisal.

Remarque

En 1955, Hense associe les hauts rendements du Sisal aux modifications structurales subies par le sol, on a deux explications différentes pour un même phénomène et les études actuelles ne permettent pas de trancher.

Attention, la plupart des travaux de recherche ont été menés dans des régions avec une pluviométrie inférieure à 1400 mm par an.

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Auteurs : Mathieu ROUX

Supervisions et corrections : J-F Vian, Joséphine Peigné, Eric Blanchart

  1. Duboisset A. 2003

    Duboisset A. L'importance agricole des termitières épigées dans le nord du Cameroun : l'exemple des nids de Macrotermes subhyalinus et d'Odontotermes magdalenae. Thèse en Sciences et techniques de l'environnement. Paris : Université de Paris-Val-de-Marne, 2003, 479 p.

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