Définition : Définition : Gestion des habitats
Elle consiste en la conception, la mise au point et l'évaluation d'un ensemble de stratégies ou de tactiques menées à différentes échelles d'espace et de temps, de gestion de peuplements végétaux et de pratiques culturales ( Ratnadass, A. & J.-P. Deguine. 2013[1]). Ce même concept s'applique aussi bien pour la gestion des ravageurs des cultures, la gestion des aires protégées que la gestion des populations de gibiers.
L'intérêt de la gestion des habitats pour la protection des cultures a été mis en avant depuis longtemps, s'appuyant sur le rôle essentiel de la biodiversité végétale sur la stabilité des communautés d'insectes dans les agrosystèmes (Pimentel, 1961). En effet, il a été constaté la sensibilité des cultures aux infestations des ravageurs.
La simplification végétale du paysage a provoqué une réduction des habitats favorables aux ennemis naturels des ravageurs, habitats qui leur offraient des ressources alternatives de nourritures et de refuge (Jevis et al., 2004).
La gestion des habitats peut être considérée comme un ensemble de méthodes de lutte biologique de conservation ( Fielder A.K. et al. 2008[2]) qui touche aux peuplements végétaux abritant des auxiliaires à différentes échelles spatiales (parcelle, exploitation, paysage). On cherche ainsi non seulement à augmenter la quantité mais aussi à améliorer la qualité des habitats des ennemis naturels.
Remarque : Remarque : Rôles des habitats des ennemis naturels
Ces habitats peuvent constituer :
une ressource alimentaire alternative pour les adultes, en nectar, pollen ou miel
des sites de refuge : ombre, microclimat en conditions climatiques particulières, passage de la saison froide, protection contre les pesticides ;
une ressource en proies ou hôtes alternatifs.
Cette gestion doit s'envisager à différentes échelles de temps. Le choix des ressources végétales dans l'agroécosystème découle des besoins des insectes utiles.
L'incorporation de la diversité végétale dans l'écosystème doit être envisagée à 3 niveaux :
à l'intérieur des parcelles cultivées,
autour de ces parcelles (bord de champ, talus, haie)
et à l'échelle du paysage.
Mais la gestion des habitats à l'échelle locale (parcelle et pourtours) est insuffisante et doit être accompagnée d'une prise en compte des effets de la structure du paysage, en particulier de la proportion de plantes non cultivées. En effet, les résultats montrent que les ennemis naturels des principaux insectes ravageurs des cultures dépendent beaucoup plus des habitats non cultivés que des cultures eux-mêmes ( Tscharntke T. et al. 2007[3]).
Exemple : Exemples de gestion des habitats
Association pré-verger : l'enherbement sert de refuge à une faune riche et diverse d'insectes (ravageurs mais surtout auxiliaires), la présence d'herbivores (comme les moutons) remplace le travail supplémentaire de fauchage et participe à une meilleure gestion du sol et de la fertilité.
En Chine, l'association coton/blé a permis le développement de prédateurs de pucerons sur blé qui se dispersent ensuite dans les champs de coton sur les pucerons du coton Aphis gossypii (Stenorrhyncha, Aphididae).
En régions tempérées, on installe des bandes fleuries au milieu des champs de blé, de betterave ou de chou pour fournir des ressources complémentaires en pollen et nectar aux ennemis naturels des pucerons.
En Europe et en Angleterre, on insère au milieu des champs, des bandes végétales (beetle banks) destinées à abriter des Coléoptères prédateurs (Carabidae et Staphylinidae) mais aussi des araignées pour leur permettre de passer l'hiver et d'avoir un impact accru.
En Chine et en Australie, les systèmes de cultures sous couverture végétale largement développés en régions tempérées et tropicales à des fins de maintien de fertilité des sols, de gestion de l'enherbement et de lutte contre l'érosion, ont montré sur vergers d'agrumes un intérêt en tant que source de pollen et de refuge pour les auxiliaires.
Une bonne voie connue permettant d'introduire des ennemis naturels diversifiés dans les parcelles cultivées est d'établir des corridors à partir des alentours des champs et jusqu'à la parcelle (voire jusqu'au centre de la parcelle). Ces corridors deviennent des réservoirs permanents de nourriture et de refuges alternatifs aux ennemis naturels.
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Auteur : Lala HARIVELO RAVAOMANARIVO
Médiatisation : Emilie Alaux