Argileux, limoneux ou sableux ?
La texture d'un sol est la répartition granulométrique de ses constituants. C'est la proportion entre les petites particules, les argiles, les particules de taille moyenne, les limons, et particules de grande taille, les sables (dont le diamètre reste tout de même inférieur à 2 mm). Les textures sont regroupées en classes : sol argileux, limono-sableux...en fonction de ces proportions. On ne considère que les particules minérales (on exclut la matière organique[1] et les carbonates) et inférieures à 2 mm.
La texture apporte des informations utiles à la gestion de l'eau et de la fertilisation. Par exemple, un sol sableux draine beaucoup plus vite qu'un sol argileux. Quelques caractéristiques majeures des différentes textures seront présentées plus loin.
Elle est mesurable en laboratoire grâce à des techniques de sédimentation ou à un granulomètre laser. Mais elle est facilement estimable sur le terrain en suivant la méthode ci dessous !
Méthode : Connaître la texture de son sol
Evaluation empirique (au doigté) lorsque le sol est plastique (humide à frais) :
Les sables (> 0,050 mm, > 50 μm)
− A l'état humide (humecter la terre), le toucher est rugueux grossier (pour les sables grossiers) ou fin (pour les sables fins).
− Aucune rugosité entre les doigts : moins de 15 % de sable.
− Forte rugosité, grains de sable visibles à l'oeil nu, effritement rapide de l'échantillon entre les doigts : plus de 50 % de sable.
Les limons (entre 2 et 50 μm)
− Toucher doux, soyeux, comme du talc.
Les argiles (inférieures à 2 μm [0,002 mm])
− Toucher collant.
− Plus de 17-20 % d'argile : il est possible de faire un boudin.
− Plus de 30 % d'argile : il est possible de faire un anneau avec le boudin. La terre colle fortement aux doigts. Le sol forme une plaquette, souvent brillante, à la surface de l'un des doigts sur lequel il colle.
La teneur en matière organique est assez aléatoire à estimer :
➢ plus la teinte du sol est foncée, plus il y en a,
➢ le toucher de la matière organique est « gras »,
➢ la teneur en matière organique est surtout estimée correctement en connaissant les chiffres de matière organique analysés dans la région en fonction des principales rotations[3]. En général, la teneur en matière organique des sols cultivés est de l'ordre de 2 à 3%, les plus fortes valeurs étant atteintes avec des itinéraires types TCS[4] ou semis direct.
Complément :
En reportant les pourcentages respectifs en limons, argiles et sables (donnés par une analyse d'un échantillon en laboratoire) dans le triangle textural, on détermine la texture exacte du sol.
Le cas des argiles
Bien que la présence d'argiles soit bénéfique pour la rétention d'eau - un sol argileux stocke beaucoup plus qu'un sol sableux : 1.85 mm/cm contre 0.7 mm/cm de terre fine source[6]- elle demande une attention particulière quant au travail du sol. Les conditions de passage doivent être optimales : sol ni trop sec, ni trop humide. Sinon, on risque de "lisser" le sol et donc de créer une barrière à l'infiltration de l'eau. Il faut donc bien anticiper le passage, avec par exemple un labour[7] d'hiver pour un semis de printemps. A l'inverse le travail des argiles en conditions sèches déstructure les feuillets et conduit a des prises en masse du sol.
Les limons ont bonne mémoire !
Un sol limoneux garde la mémoire du travail qu'il a subi : il n'y a pas de possibilité de restructuration naturelle. Une fois sa structure dégradée, par exemple par une compaction causée par des engins trop lourds, un sol limoneux mettra des années à se réparer. Il faudra donc envisager une intervention mécanique : le "décompactage". A l'inverse, un sol composé de plus de 25% d'argiles se restructurera naturellement.
Les sables n'ont pas de structure naturelle
Un sol sableux présente certaines caractéristiques à prendre en compte dans la gestion du travail :
- ils conservent peu l'eau, mais sont naturellement poreux (enracinement facile) et sont peu sensibles au trafic
- ils sont usant pour les outils
- ils sont peu fertiles, car ils contiennent des éléments grossiers.
Il ne faut tout de même pas négliger le risque de compaction sur un sol sableux, car il y a toujours un peu de limon ou d'argile !
Auteurs : Maëva BOURGEOIS, Elise COQUILLART, Morgane COURNARIE, Claire FASSINO
Superviseurs : Matthieu ARCHAMBEAUD et Stéphane DE TOURDONNET
Source : Jamagne et Bétremieux, in Lemonnier, 1992. Estimation de la réserve utile à partir de la texture