Les échanges de matériel végétal à l'origine de l'introduction d'organismes nuisibles

Analyse des tendances

Ce qui ressort de cette étude, c'est que le nombre d'espèces exotiques introduites par unité de temps en Europe a augmenté régulièrement, particulièrement dans la deuxième partie du 20ème siècle. Par exemple, dans la période 2000-2008, on a pu enregistrer une introduction de 176 espèces d'arthropodes, ce qui donne un chiffre moyen de 19,6 introductions/an ( Roques, 2010[1]). La courbe en lien présente le rythme temporel d'introduction des arthropodes.[2]

Pour les champignons invasifs retenus dans la liste du projet DAISIE, Desprez-Loustau (2009)[3] note un taux d'introduction passant de moins de 0,5 espèces/an avant 1930 à un taux approximant 2 espèces/an depuis 1970.

Pour les plantes, on peut considérer qu'environ 6,2 espèces exotiques à l'Europe, capables de naturalisation arrivent chaque année, et environ 4,4 espèces européennes capables de naturalisation sont trouvées en dehors de leur aire d'origine en d'autres points du continent ( Pysek et al., 2009[4]).

  • L'augmentation des introductions d'espèces exotiques potentiellement envahissantes est clairement corrélée à l'augmentation des échanges commerciaux au niveau mondial.

Les chiffres montrant l'augmentation de ces échanges sont rapportés au point " les échanges commerciaux à l'échelle mondiale"

et les « végétaux à risques, car susceptibles d'héberger un organisme nuisible sont présentés dans le paragraphe « les échanges porteurs de risque ».

En ce qui concerne, les insectes et les champignons, la plupart des introductions sont involontaires.

De plus, l'introduction en Europe, d'environ 15 % des insectes étrangers n'est pas reliée à une marchandise ce qui les rend encore plus difficilement repérables ( Roques et al., 2009[5]).

En revanche, pour les plantes naturalisées en Europe, environ 63 % des introductions sont intentionnelle ( Pysek et al.,2009[4]). Parmi les plantes naturalisées, certaines ont pu ou pourront devenir invasives.

Graphe montrant la contribution relative des différentes voies d'introduction pour des espèces exotiques de plantes naturalisées en Europe.InformationsInformations[6]
  • Principaux pays d'origine des espèces « étrangères » à l' Europe : Asie, Amérique du Nord.

La proportion pour ces deux zones est restée stable concernant les insectes. Si on compare les périodes 1950-1999 et 2000-2007, la proportion d'insectes étrangers introduits en Europe est de 29 % pour l' Asie et de 21% pour l' Amérique du nord ( Roques et al., 2009[5]).

On note une contribution importante d'espèces introduites à partir de zones tropicales ou sub-tropicales.

Les études menées dans le projet DAISIE et leurs prolongements ont également permis de caractériser pour chaque type de taxa les habitats dans lesquels on trouve les espèces étrangères. La définition des différents types d'habitat considéré est présenté dans Pysek et al., 2010[7].

C'est ainsi qu'on a pu montrer que les plantes et les insectes montrent un haut degré d'installation dans des habitats organisés par l'homme, à la fois urbains et cultivés.

Parmi ces habitats façonnés par l'homme, les parcs et les jardins apparaissent comme des habitats dominants pour les insectes introduits, ainsi que les serres (environnement chauffé qui peut compenser le froid extérieur).

Les milieux humides (tels les berges de cours d'eau, les marais, ) constituent un type d'habitat particulièrement envahi par les plantes exotiques envahissantes ( Pysek et al., 2010[7]).

  1. Roques A., 2010

    Roques A (2010). Taxonomy, time and geographic patterns. BioRisk 4(1): 11–26 (2010) doi: 10.3897/biorisk.4.70 www.pensoftonline.net/biorisk

  2. La courbe en lien présente le rythme temporel d'introduction des arthropodes.
    Changements temporels dans le nombre moyen par année de nouvelles introductions d'espèces exotiques d'arthropodes en Europe entre 1500 et 2008

    Roques, Biorisk 2010 4(1), pages 11-26,chapitre 2 " taxonomy, time and geographic patterns"

  3. Desprez-Loustau, 2009

    Desprez-Loustau ML (2009). Alien fungi in Europe. Handbook of Alien species in Europe, chapitre 2, 2009. Invading Nature-Springer Series in Invasion Ecology, vol 3, pp 15-28.

  4. Pysek et al., 2009

    Pysek P, Lambdon P W, Arianoutsou M, Kühn I, Pino J and Winter M (2009). Handbook of Alien species in Europe, chapitre 4, 2009. Invading Nature-Springer Series in Invasion Ecology, vol 3, pp 43-61.

  5. Roques et al., 2009

    Roques A, Rabitsch W, Rasplus J Y, Lopez-Vaamonde C, Nentwig W and Kenis M (2009). Alien terrestrial invertebrates of Europe . Téléchargeable à http://www.pensoft.net/book/10072/biorisk-vol-4-part-1-alien-terrestrial-arthropods-of-europe

  6. Graphe de G Fried, reproduit d'après Lambdon et al., 2008

  7. Pysek et al., 2010

    Pyšek P, Bacher S, Chytrý M, Jarošík V, Wild J, Celesti-Grapow L, Gassó N, Kenis M, Lambdon P W, Nentwig W, Pergl J, Roques A, Sádlo J, Solarz W, Vilà M and Hulme P E (2010). Contrasting patterns in the invasions of European terrestrial and freshwater habitats by alien plants, insects and vertebrates. Global Ecology and Biogeography 2010, vol 19, pp 317-331.

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