Les échanges de matériel végétal à l'origine de l'introduction d'organismes nuisibles

Cas des insectes et des agents pathogènes

Si on considère les organismes ayant des relations trophiques (insectes) ou de parasitisme (agent pathogène) avec les plantes ; l'organisme introduit s'installera d'autant plus facilement qu'il peut exploiter facilement les ressources présentes dans le nouvel environnement. Deux cas de figure se présentent :

  • Premier cas: Les plantes présentes dans la zone d'introduction sont les mêmes que celles présentes dans la zone d'origine. L'organisme introduit pourra donc rapidement sans phase d'adaptation se développer dans ce nouveau milieu. Ce cas de figure est particulièrement fréquent dans les agrosystèmes étant donné que les espèces végétales (voire les variétés) cultivées de par le monde sont similaires et que les nuisibles sont généralement introduits avec leur plante hôte lors des échanges de matériel végétal.

Il faut cependant intégrer une dimension temporelle, notamment dans le cas des insectes introduits. En effet, la coïncidence entre le stade de développement de l'espèce introduite et la disponibilité des ressources sur lesquelles l'insecte à ce stade précis peut se développer est primordiale.

Ainsi, si des larves s'attaquant à des boutons floraux sont introduites à une époque où le stade phénologique de la plante est différent, alors l'espèce introduite ne survivra pas. Cela concerne principalement les espèces d'insectes holométaboles (à métamorphose complète) pour lesquelles la morphologie mais plus généralement la biologie (et le régime alimentaire) des adultes sont différentes des stades immatures.

De même pour les agents pathogènes, pour que le cycle de développement ait lieu, il faut une synchronicité entre le stade phénologique de la plante hôte et l'activité du pathogène.

Dans le cas spécifique des agents pathogènes transmis par vecteurs, le succès de leur émergence ne dépendra pas uniquement de la présence des plantes hôtes. En effet, pour assurer leur dispersion, la présence du ou de leurs vecteurs est indispensable.

  • Second cas : Les plantes présentes dans la zone d'introduction sont différentes des plantes hôtes de la zone d'origine.

Si l'espèce introduite est suffisamment polyphage (mécanismes de détoxication des toxines produites par les plantes de la zone d'introduction), elle pourra se nourrir et se développer sur de nouvelles plantes hôtes (changement d'hôte et adaptations).

Dans le cas des agents pathogènes, l'adaptation à un nouvel hôte (saut ou glissement d'hôte) est possible et constitue l'une des causes d'émergence de nouvelles maladies. Ces sauts d'hôtes ont été observés dans différentes conditions:

- lors de l'introduction d'une plante cultivée dans une nouvelle aire géographique, qui devient alors une plante hôte pour un virus endémique à la zone d'introduction: c'est le cas du Cacao swollen shoot virus qui a émergé après l'introduction de cette culture en Afrique à partir d'un réservoir sauvage de la même famille botanique.

- lors de l'introduction d'un nouveau virus dans une zone dite « naïve ». Par exemple, le Pepino mosaic virus a récemment émergé en Europe sur tomate après avoir été introduit probablement à partir de graines infectées d'une Solanacée sauvage présente au Pérou.

PrécédentPrécédentSuivantSuivant
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)