L'impact de l'AC sur la structure du sol résulte de son effet sur l'équilibre entre les processus qui créent de la porosité (d'origine mécanique, climatique ou biologique) et ceux qui la détruisent (comportement des agrégats sous l'action d'une contrainte mécanique).
Création de porosité en AC
• La création de porosité d'origine mécanique ne peut être réalisée que si des opérations de travail du sol sont maintenues en AC : décompactage qui crée de la porosité mécanique dans les horizons profonds, travail superficiel ou travail sur la ligne de semis.
• La création de porosité d'origine climatique résulte des propriétés du sol (notamment son taux d'argile) et de son comportement en interaction avec le climat : alternances humectation – dessiccation ou gel – dégel créant des fissures dans les agrégats ce qui augmente la porosité.
• L'activité biologique dans le sol (notamment des lombriciens et des racines) renforcée en AC peut contribuer très efficacement à créer de la porosité.
Destruction de porosité en AC
La destruction de porosité du sol dépend de la contrainte mécanique qui est exercée, de l'état du sol (notamment l'humidité) au moment où est appliquée cette contrainte et de la capacité des agrégats à résister à cette contrainte. L'AC a un impact à deux niveaux :
(i) sur la contrainte elle-même : diminution du nombre de passage lorsqu'on réduit, voire supprime, le nombre de passage du tracteur (moins de travail du sol)
(ii) sur le comportement du sol face à cette contrainte. L'augmentation de la stabilité des agrégats en AC a été montrée par de nombreux auteurs pour des agrégats situés à proximité de la surface du sol. La diminution de fragmentation, l'augmentation des teneurs en matière organique et de l'activité biologique dans les premiers centimètres du sol favorisent la préservation et la formation d'agrégats stables.
Les champignons, souvent plus abondants en AC, stabilisent également les agrégats grâce au réseau de filaments mycéliens.
La combinaison de ces différents facteurs conduit à un impact de l'AC sur la porosité du sol extrêmement variable selon les situations. On note une tendance à la diminution de porosité en AC mais également une réorganisation de cette porosité dans le profil
Extrait du Film Terre Vivante -France 3 et Lilith Production : « 21 : 35 : Konrad SCHREIBER : « Tous les êtres biologiques, tous les êtres vivants du sol, c'est de la nourriture, ok ? Donc cette nourriture hein, ces êtres qui vivent là-dedans, donc les carabes, les vers de terre... Les bactéries, et on en passe et des meilleures, hein, vous les avez vus ce matin... Ce sont des êtres qui vont structurer le sol et vous faire de la terre grumeleuse, grâce à la décomposition des matières organiques. Vous voyez, la zone intermédiaire qui a été travaillée plus régulièrement, bien colonisée par les racines, très grumeleux, et ensuite cette zone intermédiaire très compacte, et on voit que les racines de la légumineuse principalement ce sont des racines pivots... Ben sont en train de nous casser complètement cette structure massive, et elles passent régulièrement partout. La racine pivot, en grossissant en diamètre, elle va commencer à fissurer la motte dans laquelle elle est passée, en étoile autour d'elle, vous voyez ? Elle va littéralement l'exploser. Vous voyez, regardez hein comment ça descend, malgré la zone un peu tassée, ben ici en bas on a énormément de racines, et les racines vont suivre des trous de vers de terre. Et on en a un là, un là, un ici, un ici, et on va jusqu'à 1m de profondeur. (22 : 43) Donc ici l'eau globalement n'aura pratiquement aucun souci pour descendre en profondeur. Donc mettre un outil là-dedans aujourd'hui, c'est plus utile. Il faut continuer à envoyer des plantes, de plus en plus de plantes, de plus en plus de racines, de plus en plus de biomasse. »
Ces modifications d'architecture porale qui ont des répercussions à plusieurs niveaux :
• La diminution de la macroporosité et l'orientation verticale des pores d'origines biologiques favorise la stabilisation de la macrostructure qui limite la sensibilité du sol au tassement
• La stabilisation de la structure des horizons superficiels et la présence d'un mulch induisent une diminution des risques de battance, de ruissellement et d'érosion.
• les modifications de distribution et de connectivité des pores se répercutent sur les transferts de chaleur, de gaz et d'eau, conduisant ainsi à une modification de l'habitat pour les organismes du sol.
Auteur : Stéphane de Tourdonnet
