La valorisation des couverts est l'idée d'utiliser les plantes de couvertures pour en retirer un avantage souvent financier.
Il y a trois principales voies de valorisation des couverts :
valorisation par l'élevage
utilisation des cultures dérobées
production d'énergie
Attention :
Le fait de valoriser les couverts végétaux nécessite de les exporter, donc de limiter la fonction de recyclage des couverts.
La valorisation des plantes de couverture pour l'élevage
Dans le cas d'une interculture[1] longue, les surfaces couvertes peuvent être fauchées et/ou pâturées. En effet, le pâturage peut permettre de détruire le couvert sans utiliser de glyphosate. De plus, une première fauche peut être réalisée afin de permettre un apport de fourrage complémentaire. Il faut toutefois veiller à la digestibilité des espèces du couvert car certaines espèces peuvent entraîner un effet de méthanisation. Le choix du mélange doit aussi prendre en compte la maîtrise de la ration et l'appétence de chaque espèce. Pour cela, un couvert plurispécifique permet une meilleure gestion. Attention toutefois au surpâturage et au piétinement. Le couvert va absorber les éléments minéraux libérés par la minéralisation[2] des déjections animales. |
Complément :
Un exemple de couverts pâturés : Sophie Bourgeois - RÉUSSIR BOVINS VIANDE ; janvier 2010 - n° 167
La valorisation des plantes de couverture par la vente
Le principe d'une culture dérobée est de récolter le couvert semé en interculture[1]. Il s'agit donc de réussir deux cultures dans l'année. Pour cela, certaines astuces sont envisageables :
un semis aussi précoce que possible : pour limiter les effets d'un semis pendant une période non optimale
une interculture longue
une fertilisation[4] localisée possible pour aider au démarrage
une rotation[5] à raisonner en termes d'emploi du temps et de choix des espèces
des traitements phytosanitaires et des désherbages à envisager
--> La culture dérobée doit être considérée comme une culture principale
Toutefois...
Il faut prendre en compte la perte minérale due à l'export de matière végétale. Bien que cette valorisation apporte une rentrée d'argent, il ne faut pas négliger son coût en semences, intrants et récolte...
De plus, pour simplifier la récolte, un couvert monospécifique est préférable, mais cela va à l'encontre de certains rôles attendus des intercultures.
Exemple :
En Seine et Marne, Alain Fleury utilise le sarrasin comme culture dérobée depuis 2008. Il le sème derrière un pois. Un des défauts est que le sarrasin se trouve récolté avant d'être sec, mais A. Fleury a trouvé une solution : le négociant auquel il vend son sarrasin s'occupe lui-même du séchage. Cette culture dérobée lui confère un bonus économique non négligeable lorsque le rendement du pois est faible. De plus, il ne pratique aucun intrant sur le couvert. [Un très beau sarrasin dans un pois d'hiver (p.23)]
Complément :
Pour aller plus loin : "La double culture" dans le TCS n°52, page 20.
Production d'énergie
Une des méthodes pour produire de l'énergie est la méthanisation. C'est une réaction qui consiste en la digestion anaérobie des plantes par des bactéries. Cela permet de produire du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane (CH4). Ce mélange de gaz est appelé biogaz. Il peut être mélangé à du diesel pour former un carburant appelé Dual Fuel. Ce procédé est encore à l'étude en France mais est déjà utilisé dans d'autres pays comme la Suisse ou l'Autriche. Le biogaz peut aussi servir à fournir de l'énergie thermique ou de l'énergie électrique.
Conseil :
Ce sont généralement de grosses installations qui peuvent être plus avantageuses à plusieurs.
D'après le rapport de l'ADEME[6], ce biogaz peut être produit par trois types de végétaux : les couverts végétaux, les cultures énergétiques conventionnelles (à double fin : alimentaire et énergétique) et les nouvelles cultures dédiées à la production de biogaz.
Ce troisième type de culture pose des problème éthiques sur la compétition entre alimentation et énergie que ne pose pas l'utilisation de couverts. De plus, les couvert ont souvent une production de biomasse supérieure à celle de la culture principale, ce qui leur confère un meilleur rendement à l'issue de la transformation.
Auteurs : Maeva BOURGEOIS, Elise COQUILLART, Morgane COURNARIE, Claire FASSINO
Superviseurs : Matthieu ARCHAMBEAUD et Stéphane DE TOURDONNET