Association avec précaution
Etant très compétitifs dès le début de cycle, les brachiarias doivent être associés avec précaution aux cultures. Un mauvais démarrage de la culture (mauvaise germination, fertilisation insuffisante, etc.) peut entrainer une compétition importante et difficile à gérer, et ce d'autant plus que les espacements entre lignes de culture sont faibles et que les cultures sont de taille limitée comme pour le riz ou le haricot (l'association avec le maïs ou le manioc est plus facile à gérer).
Le contrôle pour remise en culture nécessite l'utilisation d'herbicide
Le contrôle des brachiarias pour remise en culture nécessite l'utilisation d'herbicide, à des doses relativement importantes (1080 g matière active/ha de glyphosate pour B. ruziziensis et 1800 g m.a./ha pour les autres espèces). B. humidicola est le plus difficile à contrôler et peut nécessiter dans certaines conditions (climat tropical humide) jusqu'à 2880 g m.a./ha., ce qui engendre des coûts considérables, difficiles à supporter en petite agriculture et n'est pas recommandable d'un point de vue environnemental.
Sans herbicide, la remise en culture nécessite un travail très important et pénible de décapage à l'angady, et se fait au détriment des performances des systèmes.
Apport d'urée
Pour la culture de céréales dans un paillage de brachiaria, il est nécessaire d'apporter de l'urée pour éviter une faim d'azote en début de culture.
Attendre la reprise de la végétation après les premières pluies
Dans les zones à longue saison sèche, le contrôle du brachiaria à l'herbicide nécessite d'attendre la reprise de la végétation après les premières pluies pour pouvoir traiter de façon efficace, ce qui retarde le semis. Il est dans ces conditions préférable de traiter en végétation à la fin du cycle précédent, en saison des pluies. Cette pratique a l'avantage de réduire les risques de faim d'azote en début de cycle, mais demande un investissement en herbicide plusieurs mois avant la mise en culture, souvent difficile à réaliser à Madagascar.
Eviter la production de graines
Si on laisse grainer le brachiaria, les repousses dans les cultures suivantes peuvent être difficiles à contrôler et peuvent devenir envahissantes. Dans une culture de légumineuse, l'utilisation d'herbicides (type fluazifop-P-butyl quand il est disponible) permet le contrôle de ces repousses. Par contre, pour une culture de riz le contrôle sera très difficile, les graminicides sélectifs de céréales (type fenoxaprop-ethyl et Cyhalofop-Butyl particulièrement sélectif et efficace à tous les stades de développement du riz) n'étant pas actuellement disponibles à Madagascar. Il est donc important d'éviter la production de graines (par fauche du brachiaria) avant remise en culture. |
Des plantes envahissantes
Les brachiarias peuvent devenir des plantes envahissantes, en particulier B. brizantha et B. decumbens. B. ruziziensis, plus exigeant sur le plan de la fertilité ce qui limite sa compétitivité, et B. humidicola qui produit peu de graines, sont moins susceptibles de devenir des adventices majeures.
Un épuisement des sols
Les brachiarias sont capables de puiser le peu d'éléments nutritifs qui restent dans des sols pauvres. En conséquence, leur exploitation intensive comme fourrages, sans apport de fertilisation (engrais ou fumier) en compensation risque de conduire à un épuisement des sols qui deviendrons incultes. Une exploitation non raisonnée (trop fréquente, sans apport de fertilisation) conduira dans un premier temps à une mauvaise couverture du sol (port en touffes avec passages d'érosion entre les touffes) puis à la disparition progressive du brachiaria qui sera dans le meilleur des cas remplacé par des espèces plus rustiques, de qualité fourragère généralement mauvaise et à production limitée. Dans le pire des cas, le sol deviendra totalement inculte. Il est très important d'insister sur ce risque lors de la présentation des systèmes aux paysans et de s'assurer de la bonne gestion des brachiarias pour éviter d'aboutir à une telle situation.
Problèmes de photosensibilisation lors d'un usage en fourrage
La nutrition de caprins, d'ovins ou de jeunes bovins avec des brachiarias uniquement peut conduire à des problèmes sévères de photosensibilisation.
Sensibilité au gel
B. ruziziensis peut être détruit par le gel
Une récolte manuelle
Enfin, la récolte des graines quand elle est faite manuellement représente un travail important.
Auteur : Husson O. et al. (2013). Manuel pratique du semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Application à Madagascar. GSDM/CIRAD.