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Les plantes de couverture

Gestion

Comment l'implanter

Définition

Les brachiarias peuvent être implantés soit par graines, soit par boutures ou éclats de souche (avec un démarrage plus rapide que par graine).

Il est possible d'implanter les brachiarias en culture pure, mais cela nécessitera une préparation de la parcelle, coûteuse et qui ne rapportera pas directement de profit. Il est donc conseillé d'implanter les brachiarias en les associant à une culture qui générera des revenus. De cette manière, le travail supplémentaire demandé pour implanter cette plante de couverture/fourrage est réduit au semis/bouturage.

Jeune pousse de B. brizantha. Photo : O.Husson

En fonction du niveau de fertilité des sols (et des possibilités de fertilisation), on pourra associer les brachiarias à :

  • du manioc, du haricot ou du pois de terre sur les sols pauvres,

  • du maïs sur des sols riches ou fertilisés (localiser alors l'engrais au pied des cultures pour les favoriser).

Si la fertilité et l'état de compaction des sols permet la culture de riz, il est possible d'implanter du brachiaria dans le riz. L'association est cependant difficile à gérer dans des climats avec longue saison sèche à moins d'avoir un espacement suffisant entre lignes de riz. L'implantation en culture pure se justifie principalement dans le cas de l'aménagement de terroirs avec la protection de zones de fragilité très dégradées, où les cultures sont rarement rentables.

Quand semer

Définition

La date de semis du brachiaria dépend du climat et de la culture associée.

Il est recommandé de semer ou bouturer le brachiaria le plus tôt possible en culture pure et dès que la culture est suffisamment développée pour que le brachiaria ne puisse plus la concurrencer dans le cas d'une association. Il faut cependant que l'implantation se fasse au minimum un mois et demi (boutures ou éclats de souches) à deux mois (semis par graines) avant la fin probable de la saison des pluies (ou l'arrivée de la saison froide) pour éviter les risques d'échec. Plus le semis sera tardif, moins on aura de chances d'obtenir une production suffisante pour pouvoir remettre la parcelle en culture en SCV dès l'année suivante.

De manière générale, l'implantation du brachiaria par graines peut se faire en même temps que la culture principale pour favoriser autant que possible la production de biomasse dès la première année. Il est cependant nécessaire d'espacer les lignes de culture (culture en doubles rangs de préférence, avec semis du brachiaria entre les rangs espacés) pour minimiser les risques de compétition. La mise en place par boutures ou éclats de souches, du fait d'un démarrage plus rapide doit se faire avec un décalage de 20 jours à un mois par rapport à la culture principale.

Semis de brachiaria dans la culture de manioc. Photo : O.HussonPour le manioc, qui est planté en général en fin de saison des pluies, il est préférable d'implanter le brachiaria en début de saison des pluies suivantes, ce qui permet un bon démarrage de la graminée, sans risque de compétition (en particulier pour l'eau) durant la saison sèche. Dans le sud-est malgache où le manioc est généralement implanté en période peu humide (septembre-octobre), l'implantation du brachiaria se fait de préférence au mois d'avril-mai.

En culture pure il est souvent difficile de le semer tôt, les paysans préférant à juste titre terminer l'implantation des cultures avant de semer une plante de couverture/fourrage. Il est donc recommandé de semer dès que possible (dès les premières pluies utiles voire même en sec avant les pluies), et dans tous les cas avant le 15 janvier sur les hautes terres où son développement est lent (jusqu'à fin janvier si on utilise des boutures dont le démarrage est plus rapide), avant le 31 décembre en milieu semi-aride pour qu'il puisse suffisamment se développer avant l'arrêt des pluies, et avant le 15 février en zone de moyenne altitude avec longue saison sèche. En zone tropicale humide, l'implantation peut se faire durant toute l'année, en évitant cependant les périodes climatiques à pluviométrie la plus aléatoire.

Comment semer

Le semis se fait de préférence en poquets, avec 8 à 10 graines par poquet, légèrement recouvertes (1à 2 cm de profondeur). Les graines de brachiaria sont capables de lever même si elles sont enfouies en profondeur (4 à 7 cm). Une telle pratique en retarde cependant l'émergence, ce qui peut être intéressant pour la gestion en association avec des cultures mais constitue un handicap si l'on souhaite une production rapide.

L'espacement entre poquets recommandé est de 30 à 40 cm sur la ligne, l'espacement entre lignes variant en fonction de la plante associée. En culture pure, l'espacement entre lignes recommandé est aussi de 30 à 40 cm, ce qui permet une couverture relativement rapide et homogène du sol. A ces densités, la quantité de semences nécessaire est de 3 à 7 kg./ha.

Il est également possible de semer le brachiaria à la volée (culture en pur). La dose de semences nécessaire est alors augmentée (10 à 20 kg/ha), notamment afin de s'affranchir des risques de prédation par des insectes (fourmis, etc.).

L'implantation par boutures ou éclats de souches peut se faire de manière plus espacée, le démarrage étant plus rapide (50 cm au lieu de 30 ou 40 cm). B. humidicola dont la production de semences est plus difficile (mis à part en altitude) s'implante de préférence par boutures ou éclats de souches, d'autant plus que sa forte capacité à se propager par stolons et rhizomes permet de l'implanter avec un espacement de 1m x 1m. L'implantation dans le bozaka (Aristida sp., Imperata sp., etc.) peut se faire après un décapage à l'angady (ou herbicidage) limité dans un premier temps aux emplacements où les boutures vont être implantées, espacées de 1m x1m. Après reprise du brachiaria, la végétation restante peut alors être progressivement décapée à l'angady, permettant la colonisation par B. humidicola. Cette technique a l'avantage d'éviter l'érosion favorisée en cas d'implantation après labour.

Traitement des semences

Les brachiarias ne nécessitent aucun traitement insecticide ou fongicide des semences. Cependant, la dormance des graines peut rendre nécessaire un traitement pour obtenir une bonne germination. Il est donc indispensable d'effectuer un test de germination quelques semaines avant la date de semis probable. Un stockage dans de bonnes conditions (graines bien sèches, à l'abri des fortes températures et de l'humidité) de 6 à 9 mois permet en général de lever la dormance. En cas de très faible taux de germination, les semences doivent être traitées au KNO3 (malheureusement difficile à se procurer à Madagascar) ou à l'acide sulfurique. Pour cela, les semences sont trempées dans l'acide sulfurique pour une durée variant de 30 secondes à 20 min en fonction de la concentration de l'acide. Il est donc indispensable de tester le temps de trempage au préalable. Utiliser de l'acide de batterie, peu concentré car l'utilisation d'un acide fort rend très difficile la manipulation et un rinçage incorrectement effectué peut tuer les semences. Après trempage, les semences doivent être rapidement mais soigneusement rincées à l'eau (faire au moins 5 bains de lavage) et séchées.

Fertilisation

Les brachiarias sont des espèces très bien adaptées aux sols acides et aux fortes concentrations en aluminium. De manière générale, ils répondent peu au chaulage. Capables d'extraire le phosphore du sol (en particulier B. decumbens, B. humidicola et B. brizantha), leurs besoins en éléments nutritifs sont essentiellement des besoins en azote. Des variations entre espèces existent cependant. B. ruziziensis est le moins bien adapté aux sols très acides, et demande un niveau de fertilité relativement élevé. Des apports de phosphore en début de cycle, et d'azote tout au long du cycle sont nécessaires sur les sols acides de basse fertilité. Sans apport d'engrais, B. ruziziensis supporte mal d'être fauché ou pâturé et disparait.

B. brizantha et B. decumbens se comportent bien sans engrais, mais répondent très bien à des apports de phosphore et surtout d'azote, tout au long du cycle. Un apport fréquent d'azote permet de maintenir une croissance végétative active et améliore la qualité fourragère.

On estime cependant que pour B. decumbens 40% de l'azote provient de la fixation d'azote par des bactéries libres associées.

B. humidicola est le plus adapté aux sols de basse fertilité, mais répond cependant bien à l'apport de P ou de N. Cette bonne réponse des brachiarias à l'azote rend intéressante l'association avec des légumineuses. Sur sols très acides (ferrallitiques, schistes, grès et granites), il est recommandé de péllétiser les semences avec du phosphate naturel (type guano) ou du thermophosphate à raison de 200 g de phosphate par kg de semence, ce qui permet une implantation rapide et vigoureuse pour un coût très modique. Lors de l'implantation par boutures ou éclats de souches, le pralinage est conseillé (trempage dans un mélange de 1/3 d'eau, 1/3 de bouse de vache et 1/3 d'argile, avec éventuellement ajout d'oligo-éléments et de phosphate naturel).

Dans tous les cas, il est recommandé de gérer de manière raisonnée les brachiarias et de restituer les éléments nutritifs exportés par leur exploitation (tout particulièrement en cas d'exploitation intensive), sous peine de conduire à un épuisement du sol.

Gestion de l'enherbement

Les brachiarias sont de manière générale des plantes très agressives et capables de dominer la plupart des adventices à condition d'être gérées convenablement (espèce adaptée au niveau de fertilité du sol, exploitation et fertilisation raisonnées). B. ruziziensis et B. brizantha sont tolérants à l'atrazine en prélevée (respectivement 1600 et 2000 g de matière active/ha, sur des sols peu sableux, en pré-levée) ce qui est intéressant pour l'implantation dans une culture de maïs.

Protection phytosanitaire en végétation

Les brachiarias ne nécessitent pas de traitement phytosanitaire en végétation. Ils sont généralement très sains à Madagascar qui n'a pas les problèmes liés à des insectes (Aeneolamia sp., Deois sp. et Zulia sp., famille des Cercopidae) rencontrés en Amérique du sud, en particulier sur B. ruziziensis(ce qui explique que B. brizantha lui soit préféré dans cette zone).

Production de semences / Récolte

La production de semence est relativement facile mais varie selon les espèces. B. ruziziensis est très facile à produire, avec 150 à 200 kg/ha de semences récoltées (jusqu'à 700 kg/ha en ramassant les graines tombées au sol). B. brizantha est également facile à produire, avec un grand nombre de graines (100 à 500 kg/ha, jusqu'à 1000 kg/ha en ramassant les graines tombées au sol) B. decumbens peut produire jusqu'à 1000 kg/ha de semences mais sa production est faible près de l'équateur. B.humidicola à l'inconvénient de produire très peu de graines à basse altitude. La production en altitude est cependant bonne (100 à 500 kg/ha). L'apport de bore sur les sols déficients peut être nécessaire à la bonne production.

Dans tous les cas, les semences sont dormantes et doivent être stockées dans de bonnes conditions (basse température, faible humidité) pour lever la dormance (6-9 mois pour B. ruziziensis, 6 mois pour B. brizantha et B. decumbens et jusqu'à 9 mois pour B. humidicola.

La maturité des graines n'étant pas simultanée au niveau d'une panicule, la récolte se fait lorsque la moitié des graines sont mûres. La récolte peut se faire :

  • manuellement, inflorescence par inflorescence en les secouant au dessus d'un seau pour y faire tomber les graines mûres. Cette technique exige plusieurs passages ce qui représente un travail considérable. Elle a l'avantage de permettre une récolte échelonnée au fur et à mesure de la maturation, ou

  • par fauche, ce qui est plus rapide mais se fait au détriment du rendement, les graines ne pouvant pas être récoltées toutes à maturité. Dans ce cas, on peut stocker les panicules récoltées au sec, dans un endroit bien ventilé et à l'abri du soleil, pendant 7 à 10 jours pour permettre la maturation des grains verts.

Le séchage des inflorescences est nécessaire avant le battage. Un taux d'humidité inférieur à 10% permet d'assurer une bonne conservation. L'ensemble de ces opérations de récolte- séchage-battage est donc très exigeant en main d'oeuvre, ce qui explique le coût élevé des semences (8 000 à 10 000 Ariary/kg soit 3 à 4 Euros/kg), d'autant plus que la production est limitée.

Auteur : Husson O. et al. (2013). Manuel pratique du semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Application à Madagascar. GSDM/CIRAD.

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