L'un des atout du « Stylosanthes guianensis »
est qu'il est très facile à gérer.
Comment l'implanter ?
Bien qu'il soit possible de le multiplier par boutures (si les pluies sont abondantes, en milieu tropical humide principalement), il est généralement recommandé d'implanter le stylosanthes par graines.
Il est possible d'implanter le stylosanthes en culture pure, mais cela nécessitera une préparation de la parcelle, coûteuse et qui ne rapportera pas directement de profit. Il est donc conseillé d'implanter le stylosanthes en l'associant à une culture qui générera des revenus. De cette manière, le travail supplémentaire demandé pour implanter cette plante de couverture est réduit au semis. Le stylosanthes peut être très facilement associé au riz, au maïs, au manioc ou au pois de terre par exemple.
Implantation du stylosanthes en association avec du pois de terre. Photo :O.Husson | L'implantation en culture pure se justifie cependant dans deux situations particulières :
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Quand semer ?
Définition :
La date de semis du stylosanthes dépend du climat et de la culture associée.
De manière générale, il est recommandé de le semer le plus tôt possible, et pas moins de deux mois avant la fin probable de la saison des pluies (ou l'arrivée de la saison froide) pour éviter les risques d'échec.
En culture pure il est souvent difficile de le semer tôt, les paysans préférant souvent terminer l'implantation des cultures avant de semer une plante de couverture/fourrage. Il est donc recommandé de semer dès que possible (dès les premières pluies utiles voire même en sec avant les pluies), et dans tous les cas avant :
le 15 décembre sur les hauts plateaux où son développement est lent (jusqu'à fin décembre si on utilise des boutures dont le démarrage est plus rapide),
le 31 décembre en milieu semi-aride pour qu'il puisse suffisamment se développer avant l'arrêt des pluies,
la fin janvier en zone de moyenne altitude avec longue saison sèche.
En zone tropicale humide, l'implantation peut se faire durant toute l'année, en évitant cependant les périodes sèches éventuelles. Un semis tardif (entre mars et juin) n'est pas recommandé, la mise à fleur en juin ralentissant fortement sa croissance alors qu'il reste très jeune et peu développé. Après le mois de février, si les pluies sont suffisantes, il est préférable de l'implanter par bouture.
En culture associée, l'implantation du stylosanthes en même temps que la culture principale ne pose pas de problème au niveau de la compétition éventuelle entre plantes, quelle que soit la culture concernée. Cependant, en cas de semis simultané des deux plantes, le désherbage de la culture pourra être difficile à faire sans arracher les jeunes plants de stylosanthes en même temps que les adventices. Le semis en poquets du stylosanthes permet cependant de limiter ce problème (mais le temps de travail pour le sarclage sera augmenté). Il est donc possible soit de semer le stylosanthes en poquet en même temps que la culture principale (si l'on dispose d'une force de travail suffisante pour le désherbage), soit de le semer (en poquets ou à la volée) au moment du premier sarclage des cultures, environ trois semaines après semis. Dans le cas où le Manioc n'est pas sarclé, il est préférable de semer le stylosanthes au moment de l'implantation du manioc si celle-ci se fait en saison des pluies. Si le manioc est implanté en saison sèche, on peut semer le stylosanthes après un rapide sarclage en début de saison des pluies.
Comment semer ?
Définition :
Le semis se fait de préférence en poquets, avec 7 à 12 graines par poquet, très légèrement recouvertes (moins de 1 cm de profondeur). Les graines étant très petites, il est important de ne pas les enfouir profondément pour leur permettre de lever dans de bonnes conditions.
L'espacement entre poquets recommandé est de 30 à 40 cm sur la ligne, l'espacement entre lignes variant en fonction de la plante associée (cf. fiches techniques par système). En culture pure, l'espacement entre ligne recommandé est aussi de 30 à 40 cm, ce qui permet une couverture relativement rapide et homogène du sol.
A ces densités, la quantité de semences nécessaire n'est que de 2 à 3 kg/ha. Il est cependant parfois difficile de respecter le nombre de graines par poquet étant donnée la très petite taille des semences. Pour éviter de mettre trop de graines par poquet, il est possible de mélanger soigneusement les semences avec du sable (en prenant du sable grossier, aux grains de taille identique à la taille des graines de stylosanthes, et en mélangeant un volume de sable pour un volume de graines environ).
Il est également possible de semer le stylosanthes à la volée, en particulier sur un paillage ou dans un pâturage de graminées. La dose de semences nécessaire est alors fortement augmentée (5 à 6 kg/ha de semences mélangées à 15 à 20 kg/ha de sable pour une bonne répartition).
Traitement des semences
Définition :
Le stylosanthes ne nécessite aucun traitement insecticide ou fongicide des semences.
Cependant, la possibilité d'une dormance des graines peut rendre nécessaire un traitement pour obtenir une bonne germination. Il est donc indispensable d'effectuer un test de germination quelques semaines avant la date de semis probable. En cas de très faible taux de germination (inférieur à 25-30 %), les doses de semis peuvent être augmentées ou les semences peuvent être :
soit passées dans de l'eau chaude : 25 min. à 55°C (un volume d'eau bouillante pour un volume d'eau froide) ou 10 min. à 70°C (deux volumes d'eau bouillante pour un volume d'eau froide) puis soigneusement séchées,
soit prégermées en les trempant dans de l'eau à 70°C (deux volumes d'eau bouillante pour un volume d'eau froide; un volume d'eau pour un volume de semences) pendant une nuit, avant semis sur sol humide (ne pas semer de semences prégermées sur sol sec!),
soit traitées à l'acide sulfurique : utiliser de l'acide de batterie, peu concentré (l'utilisation d'un acide fort rend très difficile la manipulation et un rinçage incorrectement effectué peut tuer les semences). Les semences sont trempées dans l'acide sulfurique pour une durée variant de 30 secondes à 20 min en fonction de la concentration de l'acide (il est donc indispensable de tester le temps de trempage au préalable) puis rapidement mais soigneusement rincées à grande eau et séchées,
soit scarifiées en les mélangeant à du sable et en passant un outil tournant ou en les frottant avec du papier de verre (pour les petites quantités).
Fertilisation
Définition :
Un des avantages du stylosanthes est qu'il ne nécessite généralement pas d'apport d'engrais. Il pourra cependant bénéficier d'un apport éventuel d'engrais sur la culture principale, en particulier du phosphore.
Pour une implantation rapide et vigoureuse (à un coût très modique), la péllétisation avec du phosphate naturel ou du thermophosphate est recommandée, à raison de 200 g de phosphate par kg de semence. Cette pélletisation est indispensable sur sols très acides.
Gestion de l'enherbement
Implanté dans une culture après désherbage, et donc sur une parcelle propre, le stylosanthes peut en général être laissé sans entretien particulier. Il se peut cependant qu'un désherbage supplémentaire soit nécessaire dans les parcelles particulièrement enherbées. En culture pure, le stylosanthes peut également nécessiter un désherbage pour faciliter son installation, en particulier en cas d'infestation par des adventices pérennes mal contrôlées au moment de l'implantation.
Protection phytosanitaire en végétation
Stylosanthes guianensis est de manière générale l'une des légumineuses les plus saines du monde inter-tropical(2). Pour la production de biomasse, il ne nécessite pas de traitement phytosanitaire en végétation. Il peut cependant être intéressant de traiter à la floraison (Cypermethrine : 240 g/l à 0,25 l/ha soit 60 g/ha de matière active) si l'on veut produire des semences en quantité.
Production de semences / Récolte
La production de semence est aisée dans la plupart des situations, en particulier dans les climats avec saison sèche. Stylosanthes guianensis est une plante autogame de jours courts. A Madagascar, en zone intertropicale, la floraison a lieu en mai - juin en général (durée du jour : 11h30). Une deuxième floraison a lieu en octobre, mais elle est souvent minime, sauf en milieu tropical humide, où elle est beaucoup plus intéressante que dans les autres milieux. Cependant, en fonction de la date de semis du stylosanthes (le semis peut être fait à différentes périodes dans ces milieux humide), il peut être nécessaire de gérer la plante de manière particulière : En cas de semis tardif, après le mois de février, la floraison en juin sur des plants très jeunes ne permet pas une production de semences intéressante et ralenti fortement la production de biomasse. Il est dans ce cas préférable de faucher le stylosanthes avant la floraison pour relancer sa croissance et attendre la floraison d'octobre pour récolter les semences.
La récolte doit se faire dès que les graines sont arrivées à maturité afin d'éviter qu'elles ne tombent au sol. La floraison n'étant pas simultanée, la récolte doit se faire en plusieurs passages ce qui la rend longue et difficilement mécanisable. Les graines étant protégées dans des capitules, elles sont peu apparentes. Il est important d'extraire régulièrement quelques graines pour observer leur niveau de maturité. Ceci est d'autant plus important si l'on se trouve en période humide, la pilosité des bractées de la capitule créant un milieu favorable au développement de champignons (Botrytis cinerea(1)) qui entrainent un pourrissement rapide des graines.
La récolte peut se faire inflorescence par inflorescence au fur et à mesure de la maturation (ce qui représente un très gros travail), ou bien par fauche.
Le séchage des inflorescences (qui sécrètent une substance visqueuse) est nécessaire avant le battage. Les graines extraites doivent ensuite être de nouveau séchées (taux d'humidité inférieur à 10%) afin d'en assurer une bonne conservation.
L'ensemble de ces opérations de récolte- séchage-battage est donc très exigeant en main d'oeuvre, ce qui explique le coût élevé des semences (5 à 7,5 Euros/kg à Madagascar), d'autant plus que la production est limitée à 100-150 kg/ha (jusqu'à 200 kg/ha dans le Sud-Est avec la deuxième récolte). Cependant, la quantité de semences nécessaire étant faible (2 à 5 kg/ha selon le mode de semis), les paysans peuvent facilement produire leurs propres semences : la récolte sur une surface de 2 à 5 ares est suffisante pour semer un hectare.
De plus, pour sa propre utilisation (semences non destinées à la vente), le paysan peut éviter le travail de battage/nettoyage en utilisant directement les inflorescences entières pour le semis, sans en sortir les graines. Le temps consacré à la production de ses propres semences en est ainsi fortement réduit.
Auteur : Husson O. et al. (2013). Manuel pratique du semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Application à Madagascar. GSDM/CIRAD.