Comment accompagner une innovation agroécologique ?

Comprendre les réalités locales

Avant toute action de développement ou d'accompagnement du changement, l'agronome doit bien comprendre la situation agraire dans laquelle et pour laquelle, il intervient, tant au niveau des unités de production que des communautés paysannes et de leur territoire. La phase de diagnostic est essentielle à la réussite de l'accompagnement de l'innovation.

Cela comprend par exemple la cartographie du territoire d'intervention, la localisation et la quantification des ressources (les types de sol et d'unités de paysage, leur surface, etc.) mais aussi des acteurs et des relations qu'ils entretiennent entre eux (relations de pouvoir, de dépendance, de collaboration, de conflit, etc.).

Un autre point essentiel est de caractériser la diversité des exploitations et pour chacun des types, les problèmes qu'ils rencontrent, leurs attentes vis-à-vis d'un intervenant extérieur, et bien sûr leurs capacités à innover, à investir du temps et des moyens pour les changements souhaités.

Question

Réfléchissez et donnez des exemples concrets comment un chercheur, technicien ou agronome pourrait répondre aux questions au-dessus. Essayez de penser autour de quelles méthodes que pourrait être utilisés.

Solution

Cela revient, par exemple à identifier les types d'exploitations susceptibles d'adopter une innovation et même de participer à sa diffusion. Inversement il s'agit d'anticiper sur les points de blocage et de désaccord entre types d'exploitations ou avec d'autres parties prenantes (des acteurs locaux non producteurs – chasseurs, cueilleurs, forestiers, les acheteurs des produits agricoles voire même les décideurs). Ainsi l'adoption d'une innovation par un groupe de producteurs peut se faire au détriment d'un autre groupe socio-professionnel.

Il faut aussi apprendre du passé et bien connaître l'histoire agraire et du développement de la zone d'intervention. Les solutions proposées/expérimentées dans le passé peuvent avoir de l'intérêt aujourd'hui car les contextes d'intervention évoluent avec le temps.

L'innovation technique co-conçue par l'agronome, certains producteurs et d'autres acteurs vise à aider les agriculteurs. Au-delà de la co-conception des innovations, l'agronome est là pour faciliter leur adoption sans chercher à les imposer (ou à les vendre). Pour atteindre ces objectifs il doit avoir des compétences techniques et sociologiques et maîtriser différentes méthodes d'intervention et surtout savoir associer les bénéficiaires directes et d'autres acteurs du développement. Pour que le producteur adhère à l'idée de changer en profondeur ses pratiques (ses systèmes de culture et d'élevage) il faut lui fournir les preuves que ces changements vont améliorer ses résultats et/ou ses conditions de travail. Cet objectif peut être atteint par la réalisation de démonstrations avec et chez les producteurs, et si besoin en en amont sur des sites d'expérimentation gérés par le Projet ou des structures de recherche.

En tant qu'agronome vous ne pouvez pas décider des changements à la place des producteurs. Il n'existe pas de solutions uniques/passe-partout ou de solutions miracles qui s'appliquent à tous les types d'agriculture et toutes les situations. Par exemple l'agriculture de conservation/les SCV n'est pas toujours la meilleure solution pour améliorer les performances des exploitations familiales, cela va dépendre des conditions de milieu physique, économique et sociale et des capacités d'action des agriculteurs.

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