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Les plantes de couverture

Gestion

L'implantation de la vesce se fait par semis.

Comment l'implanter ?

Quand et comment semer ?

Semis de vesce en rizière après récolte du riz. Photo :O.Husson

Sur les hautes terres, il est important de semer la vesce suffisamment tôt pour qu'elle se soit bien implantée avant l'arrivée du froid, afin de maximiser la production et d'éviter tout risque de gel.

A moyenne altitude, il est également important de semer la vesce le plus tôt possible pour qu'elle puisse s'implanter avant la fin de la saison des pluies.

Sur tanety, le semis doit se faire dans la culture précédente (riz, soja, maïs, etc.) en février-mars. Si la culture en place le permet, il peut se faire en lignes (espacées de 20 à 30 cm) ou en poquets (20 cm x 30 cm, 2 à 4 grains par poquet, soit 15 à 25 kg/ha) entre les lignes de la culture principale. Si la culture est trop dense, le semis de la plante de couverture se réalise à la volée (30 à 40 kg/ha).

Dans les rizières, le semis peut se faire dans la culture de riz en place, dès que la parcelle s'est ressuyée et que les risques d'engorgement sont faibles. Dans le cas de parcelles bien drainées (il est recommandé de réaliser un petit drain autour des parcelles), on peut ainsi semer dès le mois de février ou mars.

Sur les riches sols de rizière, la croissance de la vesce est rapide et importante et la densité de semis peut être fortement réduite par rapport aux tanety. A la volée, dans une culture en place, une densité de semis de 10 à 20 kg/ha est suffisante (voire même 5 kg/ha sur des sols très riches, semés tôt). En poquets, un espacement de 40 x 40 cm (2 à 3 grains par poquet) soit 5 à 8 kg/ha permettra également d'obtenir une couverture importante.

Dans le cas de semis en ligne ou en poquets, les graines sont légèrement enfouies (1 à 2 cm de profondeur). Un enfouissement plus profond (jusqu'à 4 à 5 cm) est possible mais retarde l'émergence et ne doit pas être fait tardivement

Dans les rizières après la récolte du riz, si le sol s'est asséché en surface, il est possible de travailler l'emplacement du poquet afin de localiser la graine dans un sol suffisamment humide, à 5 à 10 cm de profondeur, en ne la recouvrant que de 1 à 2 cm de terre.

Traitement des semences

V. villosa ne nécessite pas de traitement de semence particulier. Comme pour toutes les légumineuses, il est cependant recommandé d'effectuer un traitement anti-fongique des semences au Thirame (2 g matière active/kg de semences, à appliquer après trempage dans

l'eau), pour un coût très modique.

Fertilisation

Remarque

V. villosa est une légumineuse, relativement exigeante et qui nécessite, pour une bonne nodulation, un bon équilibre en soufre et des oligo-éléments (fer et molybdène en particulier)

Un apport d'engrais (phosphore en particulier) sur cette plante de couverture peut lui permettre de produire une forte biomasse, de fixer de l'azote en grande quantité et de mobiliser d'autres éléments nutritifs pour la culture suivante. Il est cependant très difficile à réaliser dans les conditions de l'agriculture malgache (coût élevé des engrais, possibilités d'investissement très faibles, coût du crédit élevé d'autant plus qu'il faudrait apporter l'engrais près d'un an avant la récolte de la culture). Il peut toutefois se justifier dans le cadre d'une utilisation comme fourrage dans les zones d'élevage laitier, qui procure des revenus réguliers.

Pour une implantation rapide et vigoureuse (à un coût très modique), la péllétisation avec du phosphate naturel (type guano) ou du thermophosphate est recommandée, à raison de 200 g de phosphate par kg de semence. Cette pélletisation est indispensable sur sols très acides.

Gestion de l'enherbement

Grâce à sa vigueur au démarrage, sa croissance rapide dès la fin du froid, sa capacité à grimper sur les autres plantes, sa compétitivité pour l'eau et les éléments nutritifs, et son aptitude à sécréter des substances allélopathiques, la vesce est une excellente plante “nettoyante”, capable de dominer la plupart des autres plantes. Elle ne demande donc aucun entretien particulier, d'autant plus qu'elle est souvent cultivée en saison froide, quand la croissance des plantes est de manière générale très limitée. Elle permet en particulier de contrôler des plants de Cynodon dactylon qui n'auraient pas été éliminés par traitement à l'herbicide.

Protection phytosanitaire en végétation

Divers insectes peuvent occasionner des dégâts sur V. villosa : Acyrthosiphon pisum (Aphide du pois), Heliothis zea (Noctuelle), Spodoptera frugiperda (Légionnaire), etc. (1). Les graines de V. villosa peuvent également être attaquées

par Bruchus brachialis (Bruche), ce qui limite le ressemis naturel.

Pour une forte production de biomasse et surtout si l'on veut produire des semences en quantité, le traitement pendant toute la période de floraison (Cypermethrine : 240 g/l à 0,25 l/ha soit 60 g/ha de matière active tous les 10 à 15 jours) est recommandé.

Production de semences / Récolte

La maturité des graines de V. villosa n'étant atteinte qu'en début de saison des pluies (novembre-décembre à Madagascar), la récolte de semences de vesce dans une parcelle entraîne un retard important pour la mise en place d'une culture de saison. Il est donc nécessaire de réserver une parcelle pour la production de semences, ce qui permettra également de la gérer différemment afin de favoriser la production de graines plutôt que de biomasse.

Les parcelles semencières de V. villosa doivent être semées avec une densité plus faible que pour la production de biomasse (environ la moitié, soit 5 à 20 kg/ha en fonction des situations) et il est préférable que la plante soit associée à des plantes servant de tuteur (cajanus,

lupin, avoine par exemple). Une telle pratique permet d'avoir une meilleure circulation d'air et de lumière, ce qui favorise la floraison

Un traitement contre les insectes est en général nécessaire à la floraison (Cypermethrine : 240 g/l à 0,25 l/ha soit 60 g/ha de matière active).

Les gousses de vesce étant déhiscentes (elles s'ouvrent seules), la récolte doit être réalisée quand 60 à 70 % des gousses sont à maturité. En récolte manuelle, il est possible d'effectuer plusieurs passages. La production de semence varie de 300 à 600 kg/ha en culture pure

et de 700 à 1 000 kg/ha quand la vesce est cultivée avec des plantes servant de tuteurs.

Avec une production moyenne de 500 kg/ha, il faut une surface de 400 m2 pour produire les semences nécessaires à semer un hectare à la densité moyenne de 20 kg/ha.

Les semences doivent être soigneusement séchées et stockées dans un endroit frais, à l'abri de la chaleur (5). Dans ces conditions, elles peuvent être conservées quelques années.

Auteur : Husson O. et al. (2013). Manuel pratique du semis direct sur couverture végétale permanente (SCV). Application à Madagascar. GSDM/CIRAD.

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